S'appuyant notamment sur la détection des "signaux faibles" et une veille technologique permanente, elle identifie dès aujourd’hui les innovations émergentes susceptibles de métamorphoser les pratiques opérationnelles sur un horizon de vingt ans. Par ailleurs, pleinement consciente du potentiel de l’intelligence artificielle, la DGSCGC anticipe déjà l’impact de cette révolution dans le cadre des réalisations conduites par le back office, sur les méthodes et outils mis en œuvre par les secours lors de phases opérationnelles, ainsi que sur le quotidien des citoyens.

Pourquoi innover en sécurité civile, si ce n’est pour optimiser la réactivité, garantir la sécurité des intervenants et renforcer l’efficacité humaine et organisationnelle ? Pour répondre à ces enjeux, l’innovation s’appuie sur quatre piliers complémentaires. 

D’abord, l’automatisation et la digitalisation des processus opérationnels. Étape visant à libérer les agents des tâches répétitives et chronophages pour qu’ils concentrent leurs compétences sur les missions critiques. Ensuite, la gestion intelligente de l’information. Elle permet la collecte en temps réel, la remontée fluide des données et l’exploitation d’outils analytiques avancés, garantissant ainsi une prise de décision rapide et éclairée. Le troisième pilier valorise le développement humain : la formation continue et adaptée. Elle s'obtient en se réinventant par exemple avec des modules immersifs, des simulations en réalité virtuelle et un suivi adapté de la santé physique et mentale des opérateurs. Enfin, l’anticipation des crises. Celle-ci s’enrichit d’une veille stratégique et technologique, d’algorithmes de détection précoce et d’analyses prédictives pour repérer les menaces avant qu’elles ne se concrétisent.

Portés par des partenariats solides avec les SDIS, les entreprises françaises et les laboratoires de recherche, ces axes sont d’abord éprouvés à petite échelle en conditions réelles lors d'expérimentations, puis déployés plus largement dès qu’ils démontrent leur robustesse. Cette approche renforce la sécurité des équipes, fluidifie la remontée d’informations vers les décideurs, accélère l’anticipation des crises et contribue à préserver la santé et la sécurité des intervenants.

Au‑delà de la DGSCGC, cet élan d’innovation technologique, organisationnelle et d'engagement de la sécurité civile s'observe au sein des Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS), de l’École Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs‑Pompiers (ENSOSP) et de l’Entente Valabre dont les collaborations sont productives.

Les SDIS, forts de leur maillage territorial et expertise de terrain, expérimentent et intègrent les innovations les plus prometteuses pour répondre précisément aux besoins opérationnels. L’ENSOSP, centre de leadership et de formation d’excellence, façonne les méthodes pédagogiques de demain, incluant réalité virtuelle et apprentissages immersifs. Quant à l’Entente Valabre, véritable laboratoire national, elle supervise la veille technologique, analyse les retours d’expérience et favorise la mutualisation des bonnes pratiques notamment dans l'amélioration des capacités opérationnelles pour la lutte contre les feux de végétation. Cette alchimie des organisations et des expertises participe à faire évoluer et à mieux prendre en compte la protection de nos concitoyens, des animaux et des biens.

Ainsi, les SDIS illustrent cette dynamique par des projets à forte valeur ajoutée : MC ASSIST, né d’une initiative du SDIS du Calvados et financé fin 2023 par la DGSCGC, forme aujourd’hui les secours à l’accueil des personnes sourdes ou malentendantes ; pour la DGSCGC, le drone solaire intelligent CONDOR, expérimenté en février 2024 dans les Pyrénées‑Orientales, détecte précocement les fumées issues de feux naissant dans nos massifs forestiers ; et MultiFireScan, déployé de juillet à octobre 2024 dans l’Hérault, fournit toutes les quinze minutes des cartographies multispectrales pour surveiller plus de trente‑six feux et couvrir un million d’hectares.

Au‑delà de ces expérimentations, la DGSCGC anime également par le biais de la Mission Stratégie et Prospective le réseau "Étude Innovation et Prospective", lancé fin 2022 et rassemblant près de 190 acteurs (SDIS, chercheurs, industriels, associations). Cette communauté partage retours d’expérience et visions d’avenir, alimente la stratégie d’innovation et oriente les priorités de recherche et d’investissement. Ainsi se construit, jour après jour, une sécurité civile toujours plus réactive, sûre et humaine.